IRREVERSIBLE
Marcus venge, à l’aide de son ami Pierre, le viol de sa femme.
Film choc, pervers, scandaleux, ou d’une beauté inouïe ? Chacun se donne son propre avis mais il est certain que ce film fera parler quiconque le regardera. En effet, cette œuvre combine à la fois violence et perversité, scènes envoutantes et scènes atroces. Le spectateur se trouve transporté dans une ambiance malsaine, dont il ne pourra s’échapper ; on détourne le regard, on ferme les yeux, on se bouche les oreilles mais finalement l’on reste devant l’écran jusqu’à la fin.
Gaspard Noé a créé ici un film d’une grande ingéniosité. Réalisé de manière anti chronologique, le spectateur suit le parcours d’une vengeance, du désespoir d’un protagoniste à la recherche de réponses mais aussi d’une violence qui se doit d’être rendue. Le spectateur remonte avec le personnage le cheminement de cette vengeance : Pourquoi ? Qui ? Comment ? Les conséquences sont au début du film, les causes à la fin, les questions tout au long. Inversement. Irréversibilité. D’où le titre du film qui prend tout son sens une fois le visionnage achevé.
Des scènes atroces et choquantes qui ne cesseront de faire parler : des visages réduits en miettes, une scène de viole en plan séquence de dix minutes, Gaspard Noé utilise le voyeurisme pour mettre le spectateur face à la réalité des choses. Qu’est-ce qui se cache derrière le mot « viol » ? Que peut-on réellement imaginer ? Qu’est ce qui se passe réellement lorsqu’un homme soulève la robe d’une jeune femme dans le tunnel d’un métro ? Le cerveau humain fait preuve d’euphémisme, il atténue des images et, de fait, ne peut savoir ce qu’est la réalité de la chose s’il n’y est pas directement confronté. Devant ce film, nous découvrons ce que c’est que de se faire agresser, menacer, violer. Nous découvrons à quel point un viol affect à la fois la victime et à la fois les proches. Derrière ce mot, nous découvrons les atrocités de l’homme face à ses pulsions ; pulsions meurtrières, pulsions de viol. Les dernières scènes sont tout aussi bouleversantes. La sexualité est une nouvelle fois évoquée mais cette fois-ci dans le cadre conjugal où les deux protagonistes ont l’air d’avoir une vie sexuelle épanouie. Enlacés, se caressant, il n’est pas question de violence mais d’amour. Nous voyons Alex qui raconte à Marcus son rêve d’un long tunnel qui sera en réalité la prémonition de ce qui va lui arriver. La toute dernière scène quant à elle, se clôture d’une manière douce et contrastée avec le reste du film par la 7ème symphonie de Beethoven, et le tourbillonnement de la caméra vers le ciel qui se veut être le pendant de la scène du tunnel. Tout cela, si l’on remet le film dans un ordre chronologique, semble symboliser une descente aux enfers que la victime connaitra dans ce tunnel de métro. Une phrase apparaît à la fin du film : « Experiment with time ». Tout finira par arriver, quoi que l’on veuille, quoi que l’on face.
Gaspard Noé n’émet pas de jugement dans ce film, il laisse le spectateur former son propre avis. Avec une possibilité d’analyse freudienne, le film impose des questionnements à l’esprit humain. Qu’aurions-nous fait à la place du mari ? Aurions-nous également tué ? Aurions-nous eu un subtil désir en voyant cette femme ? Le film impose le spectateur face aux faits : voici un homme qui viole, et voici un mari qui se venge, et voici comment les choses sont irréparables, irréversibles.
-Émilie
Comments