Des vaches, des champs, des vignobles, du calme : le village de Houthem, dans la province du Hainaut en Belgique est le recoin idéal pour vivre la pandémie, loin de toute pensée anxiogène. Une idée défendue par des fermiers retraités, qui se sentent chanceux de vivre dans un tel environnement, bien que cela suppose des contraintes dues à la crise sanitaire.
Dans un corps de ferme isolé au bout d’un chemin de prairie, entre un champ et un vignoble vivent Clovis et Sonia, couple de retraités sexagénaires. Leur isolement en campagne a été davantage renforcé, eut égard aux mesures de la pandémie. Il est déjà rare de croiser un visage à Houthem, village de quelque centaines d’habitants, mais encore plus depuis que le petit café du village et les commerces à proximité sont fermés en raison des mesures sanitaires. Préconisant la sécurité et la santé, ils ne voient plus non plus leurs petits-enfants, qui avaient pour habitude de jouer sur le tracteur certains après-midi.
La pandémie a aussi impacté leur activité principale, qui leur permettait d’entretenir de liens humains. Il y a dix ans, Clovis a entrepris des travaux dans la ferme pour en faire un gîte. Même s’ils peuvent encore, théoriquement, accueillir des visiteurs en quête de calme, ils n’ont toutefois reçu aucune demande depuis l’été dernier. Sonia explique : « C’est trop de contraintes pour les visiteurs. Le gouvernement belge a imposé des mesures sanitaires strictes : tous les voyageurs doivent se mettre en quarantaine quarante-huit heures dès leur arrivée dans un lieu de séjour comme le nôtre. Alors, cela ne vaut pas la peine de se déplacer et de payer un hébergement pour être confinés sur place ensuite. » S’ils ne peuvent plus héberger qui que ce soit en raison de la pandémie, ne voyant plus aucun visage depuis des mois, ils s’estiment chanceux de vivre dans cet environnement.
Depuis qu’ils se sont mariés, ils ont toujours habité ce lieu, issu d’une donation du père de Clovis. Alors, cette vie dans une petite ferme au milieu des champs, ils y tiennent. Clovis s’occupe du terrain de 4hectares en entretenant la terre, en coupant les arbres, et en s’occupant du potager. Autour d’eux, des champs à perte de vue. La ville la plus proche est à une dizaine de kilomètres. « Je m’estime très chanceux », exprime Clovis avec engouement. « Nous avons ce sentiment de liberté face à cette verdure. En même temps, on se sent protégés du Covid car nous ne croisons personne. » Face à cette vaste étendue verdoyante, ce couple s’octroie des moments de promenades une à deux fois par jour. Une bouffée d’air frais, où le masque devient facultatif tant les rencontres sont rares. De quoi donner envie aux habitants de centre-ville de s’exiler loin des entassements dans le métro, dans ce qu’ils nomment habituellement la « campagne paumée ».
Emilie
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